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Précampagne dans Borgou-Alibori: Echauffourées à Parakou après interdiction des meetings par le préfet

La ville de Parakou a connu des échauffourées dans la journée du vendredi 12 février dernier. La décision du préfet interdisant l’organisation des meetings et autres manifestations politiques jusqu’à nouvel ordre en est à la base. Surprise, désolation et révolte dans les états-majors des candidats.

Des badauds ont pris d’assaut tôt dans la matinée du vendredi dernier les carrefours de la ville de Parakou où ils ont brûlé des pneus pour manifester leur colère contre l’interdiction par le préfet de l’organisation des meetings et autres manifestations politiques jusqu’à nouvel ordre. Alors que les installations étaient déjà faites, les manifestants se réclamant comme militants du parti DURR-Barka du député Rachidi Gbadamassi et sympathisants du candidat Sébastien Germain Ajavon, ont constaté que toutes les voies d’accès à la place publique (en face du stade) où devrait se tenir un meeting en faveur du présidentiable, ont été barricadées et les lieux fortement militarisés.

En effet, par message radio porté n°05/0102/PDBA/SG/SAG/DAG du 11 février 2016, soit la veille, le préfet des départements du Borgou-Alibori, Salamatou Kora Ponou, a interdit la tenue des manifestations du genre sur son territoire de compétence. Selon le message, certains maires en lien avec des leaders politiques seraient en train d’organiser des manifestations à caractère politique dans leurs communes et cet état de fait, à en croire le préfet, est «contraire aux dispositions légales en vigueur en la matière». L’autorité préfectorale a instruit les maires à prendre les dispositions nécessaires pour «interdire » lesdites manifestations en attendant le lancement officiel de la campagne électorale.
La situation est restée tendue toute la journée du vendredi à Parakou avec une ceinture de sécurité dressée au carrefour Bio Guera non loin du site prévu pour abriter la rencontre. Les manifestants vêtus de tee-shirt bleu, par centaines, se sont retrouvés dans le rond-point central et dans les ruelles adjacentes pour chanter et danser tout en scandant des slogans en faveur du député Gbadamassi et du candidat Ajavon, en leur promettant d’être fidèles malgré tout. C’est finalement dans la soirée à l’Université de Parakou que ces derniers ont pu tenir une rencontre pour s’adresser aux potentiels électeurs.

Le préfet justifie sa décision

«Quand des enfants d’une même famille deviennent des adversaires, c’est pointu, c’est grave, parce qu’ils se connaissent. Ils connaissent les points forts et les points faibles des uns et des autres», avance le préfet Salamatou Kora Ponou sur une chaine de radio de la place, pour justifier sa décision. «Plus précisément à Banikoara, deux camps étaient en position de s’affronter. Quand j’ai eu le compte-rendu, j’ai juste pris un message radio - il ne s’agit pas d’un arrêté préfectoral ou départemental - de surseoir aux manifestations, vu que la campagne sera officiellement lancée plus tard», poursuit le préfet. «C’est dans un souci d’instaurer le calme et préserver la paix dans mes départements que la décision a été prise», se défend Salamatou Kora Ponou. «Que les uns et les autres se calment ! Pas de panique. Maintenant que nous avons la certitude que la campagne ne pourra plus être lancée (le vendredi 12 février), nous allons voir avec notre administration quelles dispositions prendre pour que les uns et les autres puissent mener leurs activités», laisse-t-elle entendre. Puis, elle tente de rassurer : «Il n’y a pas péril en la demeure. Je ne suis contre personne... Je n’ai pas choisi un candidat mais j’ai le devoir de prévenir les troubles à l’ordre public. Ce n’est pas le fait de brûler les pneus qui règle la situation. Il n’y a pas de problème à Parakou mais je crois que nous allons revoir ça».

Rachidi Gbadamassi s’indigne

Le député Rachidi Gbadamassi n’a pas caché sa déception après qu’il a été empêché de tenir un meeting à Banikoara le jeudi 11 février dernier puis à Parakou le vendredi 12 février. «Comment comprendre que des autorités s’accoquinent avec des badauds pour barrer la voie à un député parce qu’il anime la vie politique ? Pourquoi ont-ils peur ?», s’interroge l’élu du peuple. Il rappelle qu’il y a quelques semaines alors qu’il venait à Parakou, des individus sous le prétexte de revendiquer l’eau et l’électricité lui auraient barré la voie à Kilibo et qu’il a dû mettre à exécution «un plan B» pour se retrouver à Parakou. Ce sont des manœuvres qui «désacralisent la République», estime-t-il.
«Les cadres de mon pays me font honte. Je constate aujourd’hui que le président Mathieu Kérékou a raison de traiter certains cadres béninois d’intellectuels tarés, des gens qui se comportent comme des colons dans leur propre pays», s’indigne le député. «Je ne vais pas céder aux intimidations. Je passerai par tous les moyens pour faire vulgariser le projet de société de mon candidat parce que c’est la Constitution qui me l’autorise. En tant que président d’un parti politique, j’ai l’obligation d’animer la vie politique. Aucune puissance ne peut m’empêcher», souligne Rachidi Gbadamassi.
La décision du préfet qui interdit tout meeting politique pour le moment, intervient en pleine période de précampagne où beaucoup de rencontres politiques étaient projetées par les états-majors des candidats. Et ils ne mâchent pas leurs mots, ces hommes politiques qui multiplient depuis quelques jours les actions sur le terrain pour faire connaître leurs candidats et leurs projets de société.

D’autres acteurs politiques s’en désolent

«C’est avec indignation et une très grande désolation que nous venons de recevoir le message radio porté du préfet Salamatou Kora Ponou», fustige Chabi Boni Douarou, coordonnateur communal des Forces Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) à Parakou, au nom de la coalition Fcbe-Prd-Rb et alliés qui porte le candidat Lionel Zinsou. «Force étant à la loi, nous coordonnateurs de la coalition invitons tous nos militantes et militants au calme et à la sérénité, au respect des principes démocratiques», exhorte-t-il face à la presse dans la soirée du jeudi dernier. Il a saisi l’occasion pour annoncer l’annulation des meetings qu’aurait projetés la coalition pour le vendredi dernier à la salle d’alphabétisation de Parakou et dès samedi dans les quartiers de la ville.
«La décision du préfet est une décision surprenante qui tombe comme un coup de massue», déplore également Bernardin Gnassounou de la coalition «Le chemin du Bénin» qui avait envisagé une rencontre politique au profit du candidat Aké Natondé pour dimanche 14 février.
«Ce n’est pas normal. C’est inadmissible qu’un Premier ministre candidat détienne tous les moyens d’Etat et batte campagne et qu’on interdise à un autre candidat de tenir un meeting pour présenter son projet de société», s’insurge Zimé Yaya de l’état-major du candidat Pascal Irénée Koupaki à Parakou. «Pourquoi cette ségrégation au niveau du Borgou-Alibori ?» se demande-t-il, tout en invitant le préfet à «revoir sa copie» et le plus tôt possible?

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